La dyslexie (et la dyscalculie) sont des troubles d’apprentissage de la lecture et du calcul. Ils ne peuvent donc pas être détectés avant que cet apprentissage commence. C’est donc dès la maternelle que les équipes enseignantes vont devoir faire attention aux difficultés rencontrées par les enfants, pour pouvoir éventuellement identifier la dyslexie le plus tôt possible et accompagner l’enfant.
Lecture, écriture et arithmétique : des processus complexes.
Quant on y réfléchit, le fait de lire et écrire est incroyablement complexe, puisqu’on va enchaîner plusieurs opérations de symbolisation pour arriver à retranscrire une pensée, un message.
La parole elle-même est la symbolisation de choses, d’affects, de faits, etc. à travers des sons, organisés dans une structure grammaticale.
Ensuite, l’écriture telle que nous la connaissons consiste à symboliser ces sons à travers des formes graphiques, à apprendre à identifier ces formes (c’est l’apprentissage de l’alphabet), puis à identifier les différentes combinaisons pour retomber sur des sons qui renvoient à des paroles. Les formes sont accompagnées de conventions qui sont censées faciliter la lecture : espaces entre les mots, ponctuations, en tout cas dans l’écriture du français. L’écriture de l’arabe est tout aussi complexe, de façon différente.
Compter est aussi difficile. Regardez un ensemble d’objets posés sur une table, au-delà d’un petit nombre, vous aurez obligatoirement besoin de les compter. Donc d’entrer à nouveau dans ce processus de symbolisation.
Les troubles « dys »
Dans la famille des difficultés d’apprentissage, la dyslexie est la plus connue, car c’est elle qui arrive en premier (on apprend à lire avant d’apprendre à écrire), elle entraîne quasiment automatiquement la dysorthographie (difficultés à écrire). On classe aussi dans cette grande famille la dysphasie (des problèmes d’expression) et même des troubles de l’attention (mais pas ceux liés à l’hyper-activité TDA/H). Pour simplifier, on vous parlera de dyslexie en se incluant les trois premiers « dys » : dyslexie, dysorthographie et dyscalculie.
Globalement, l’origine de ces difficultés est neurologique, pour une raison ou pour une autre, ça ne « clique » pas dans le cerveau et le processus d’association ne se fait pas facilement.
Les zones du cerveau dédiées au langage et au calcul
Or les processus neurologiques qui permettent ces opérations sont beaucoup plus tardifs que l’apparition de la parole, et mettent en jeu des zones différentes du cerveau. C’est là qu’arrivent les troubles « dys ». L’aire de Broca et l’aire de Wernicke sont les zones consacrées au langage, tandis qu’il existe dans le lobe gauche du cerveau une zone dédiée à la forme visuelle des mots, qui est utilisée à autre chose pour une personne qui n’a pas appris à lire (reconnaissance des formes, des visages, etc). Une fois que la personne sait lire, cette zone du cerveau s’activera même quand elle sera simplement en train d’écouter sa langue maternelle.
De la même façon, pour la dyscalculie, on a remarqué que les deux sillons intrapariétaux (gauche et droit) sont utilisés par les personnes qui calculent normalement, alors que les enfants atteints de dyscalculie utilisent uniquement le sillon intrapariétal droit et une autre zone, le gyrus frontal médian gauche. En gros, ils remplacent dans le lobe gauche une région du cerveau par une autre.
La très bonne nouvelle, c’est que le cerveau est extrêmement souple. Des gens qui ont eu le cerveau abîmé par un accident peuvent retrouver des fonctions en les « transférant » dans une autre zone. Et pour les enfants, dont le cerveau est encore en formation, c’est encore plus facile de les aider à stimuler leurs connexions neuronales par des activités appropriées. Et pour cela, il faut avoir identifié ces troubles le plus tôt possible.
Comment identifier les troubles liés à la dyslexie ?
Les signes qui doivent alerter
- L’enfant a du mal à lire un texte, mais pas à le comprendre
- L’enfant a du mal à différencier des lettres proches (m et n, b et p, etc.)
- L’enfant a du mal à orthographier correctement des mots simples
- L’enfant a du mal à « jouer » avec les mots écrits (que devient « savon » quand on enlève la première syllabe)
- L’enfant continue à compter sur ses doigts même pour des petits nombres
- Même en comptant les objets, il fait des erreurs dans la suite des chiffres (un, deux, quatre, cinq par exemple)
L’essentiel est d’arriver à faire la différence entre un enfant qui prend son temps et un enfant qui a une véritable difficulté. Nos équipes sont formées à cela.
Comment poser le diagnostic
Quand un enfant a du mal à apprendre à lire ou à écrire, il faut d’abord éliminer les autres causes possibles. Des troubles de la vue ou de l’audition peuvent être la cause « simple » de ces difficultés. Savez-vous par exemple que 10 à 15% de la population adulte n’utilise pas ses deux yeux en même temps et n’a pas la vision du relief ? Essayez de regarder une forme géométrique complexe que vous ne connaissez pas en vous cachant un œil et votre cerveau aura du mal à la comprendre. C’est la même chose pour l’enfant qui aura plus de difficultés à déchiffrer les images, les formes… et donc les lettres et les chiffres.
La première étape doit donc être une visite chez votre pédiatre, suivie éventuellement d’un examen ophtalmologique ou ORL. Une fois ces autres causes éliminées, on vérifiera qu’il n’y a pas un trouble de l’attention ou une hyperactivité. Ceux-ci sont souvent associés à la dyslexie et la dyscalculie, mais ils peuvent aussi être la seule cause des problèmes d’apprentissage.
Comment accompagner l’enfant dyslexique ou dyscalculique
Nous vous avons fait cette longue explication sur l’origine de ces difficultés parce qu’il faut les comprendre pour pouvoir aider l’enfant à les surmonter. Ce n’est pas un simple handicap physique qu’on corrige avec des lunettes, aider l’enfant à « contourner » son cerveau demande un savoir faire et de la patience.
Ces troubles se résolvent rarement en quelques mois. C’est un accompagnement sur plusieurs années qu’il faut généralement prévoir, mais plus on intervient tôt, plus ce sera facile.
Cela mérite d’ailleurs un article à soi même, mais voici les points que nous allons développer :
L’enfant doit garder sa confiance en lui et son estime de soi
Il a des difficultés, certes, mais il n’est pas « nul », et il faut à tout prix lui éviter le poids de l’échec scolaire. Cela se fait en valorisant ses succès dans d’autres domaines, en évitant la compétition et le classement permanent, en lui expliquant aussi simplement (plus que dans cet article) pourquoi il a des difficultés et comment on va l’aider.
On peut aussi lui expliquer que des grands savants qui ont inventé des choses très importantes étaient dyslexiques. A l’âge de Touchatou, il est trop jeune pour comprendre qui étaient Einstein ou Pasteur, mais on peut mettre à sa portée leurs découvertes : Pasteur a inventé le vaccin par exemple. On peut aussi lui parler d’autres dyslexiques célèbres, comme le prince Charles et le prince William vont devenir rois d’Angleterre, Tom Cruise est un très grand acteur, etc.
L’éducation positive est un des principes fondateurs de Touchatou.
Des réponses concrètes
Les recherches sur la dyslexie ont permis de créer des polices de caractères plus adaptées – en tout cas pour l’alphabet latin, avec plus de différenciation entre les lettres. Les espacer plus facilite aussi les choses.
Plus tard dans la scolarité, dans des cas lourds, cela peut aller jusqu’à une assistante scolaire ou l’autorisation d’utiliser un ordinateur pour passer ses examens, au lieu d’écrire à la main.
La rééducation orthophonique
Elle va plus loin que ce qui est possible en classe, même dans une école aux effectifs limités comme Touchatou. La thérapeute va travailler individuellement avec l’enfant, en lui faisant faire des exercices adaptés à ses propres difficultés et en lui fournissant des stratégies spécifiques pour les compenser. Il est important que ce travail se fasse en coopération avec les maitresses et éducatrices, qui pourront aussi l’utiliser.
L’avantage de la méthode Montessori
Avec ses méthodes particulières, le lien entre les différents sens, par exemple les lettres rugueuses, la méthode Montessori propose déjà un chemin d’apprentissage de la lecture et de l’écriture qui facilite l’activation de ces différentes zones du cerveau. Un certain nombre de « travaux » (le mot Montessori pour les jeux) sont aussi orientés sur le classement des objets par taille, qui est une activité pour aider les enfants dyscalculiques.
Catégorie: Education
Mots-clés : dyscalculie, dyslexie, Montessori
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