Comment passer un temps de qualité avec ses enfants … et les éloigner des écrans ?

Tableau de Mary Cassat, mere et enfant

Avez-vous entendu parler de « Squid Games » et de l’arrivée brutale dans les cours de récréation de la nouvelle version de « 123… soleil » ?

Cela ne concerne heureusement pas les enfants qui sont en maternelle à Touchatou, mais beaucoup d’enfants en primaire sont concernés. Ils ont vu la série sur un écran, un portable, le leur ou celui d’un grand frère ou d’une grande soeur. Les commentaires sur internet, que ce soit Facebook ou Twitter, sont éloquents : les parents sont désemparés, ne savent pas « comment faire ».

Quand j’étais enfant, c’était facile, la télévision était dans une pièce unique, impossible de la regarder sans la surveillance des parents. Aujourd’hui, la télévision ou l’écran, en général, joue le rôle d’une nounou disponible en permanence, alors que les écrans devraient être interdits aux plus jeunes et très limités pour les enfants les plus âgés.

Une maman disait :

Avoir des enfants, c’est un choix, et il demande de faire d’autres choix ensuite, pour pouvoir être disponible et l’éduquer.

Un jeune enfant ne peut pas être laissé seul. Il ne s’agit pas seulement d’une surveillance pour sa sécurité : en dehors des moments où il se réfugie dans son monde et développe son imagination, il a besoin d’échanger, d’être guidé et accompagné.

C’est ce que nous faisons à l’école, où les éducatrices sont toujours disponibles.

Par exemple, pour chaque activité, il y a trois tables :

  • une où l’enfant apprend, l’éducatrice lui montre et lui fait un retour pour lui permettre de progresser,
  • une seconde où il est en semi-autonomie, l’éducatrice est là mais n’intervient pas sauf en cas de besoin,
  • une troisième enfin, où les enfants sont autonomes et s’organisent eux-mêmes pour faire l’activité… mais avec une éducatrice à portée de voix !

Cette autonomie s’apprend, avec la présence des adultes, et n’a rien à voir avec l’état d’un enfant « posé » devant un écran.

Par contre, à partir du moment où on a suffisamment de personnes autour de soi pour s’occuper de l’enfant, la maman ou le papa n’ont pas besoin d’être en permanence avec lui.

Il vaut mieux un petit temps de qualité avec son enfant qu’un temps important où on ne peut pas se consacrer réellement à lui.

Comment définir un temps de qualité avec un enfant ?

C’est un moment où la relation avec son enfant est au premier plan, c’est l’objectif principal. Par exemple, il y a une grande différence entre :

– faire la cuisine avec son enfant, lui permettre de manipuler la farine, l’eau, l’aider même à s’approcher du feu, le guider pour écaler les oeufs, etc.

– et le faire asseoir sur une chaise en l’écoutant distraitement pendant qu’on prépare à la hâte le repas du soir.

Atelier cuisine

Les enfants adorent faire la cuisine, à la maison ou à l’école

De la même façon, emmener son enfant faire les courses est rarement un temps de qualité, sauf si on peut le laisser regarder aussi ce qui l’intéresse, toucher… et qu’on ne l’oblige pas à s’ennuyer pendant qu’on essaye des vêtements dans une boutique.

Un temps de qualité, c’est aussi un moment où on parle ensemble, en l’écoutant comme une personne à part entière. Le rituel de début de journée à Touchatou se reproduit à l’inverse, le soir, où l’enfant va vous raconter ce qu’il a fait à l’école. N’en faites pas un interrogatoire pour vérifier qu’il est sage, qu’il apprend bien, etc, mais écoutez ce qu’il a à vous dire et qui lui parait important. Si vous avez des inquiétudes sur sa vie scolaire, notre équipe est là pour échanger avec vous.

Enfin, un temps de qualité, c’est un moment où on nourrit son enfant : en lui racontant des histoires, en lui lisant des livres, en jouant avec lui, on nourrit son imagination et on lui permet de développer un monde intérieur finalement plus attirant que les dessins animés (vous voyez… on y revient !).

Vous n’êtes pas obligé-e d’être en permanence avec votre enfant

J’insiste. Les parents aussi ont leurs besoins, et celui de pouvoir se détendre tranquillement après une journée ou une semaine de travail en fait partie. La famille, les amis, des activités de plein-air ou autres adaptées aux petits peuvent aussi prendre le relais, et vous laisser ce temps de ressourcement indispensable. Toutes ces personnes doivent être au courant de vos consignes au sujet des écrans et les appliquer.

Il ne faut surtout pas se culpabiliser si on ne passe pas tout son week-end avec lui : il le sentirait, et si vous vous forciez, la fatigue et la frustration qui en résulteraient détruiraient la qualité de ce moment. Pour résumer, il faut s’accorder à soi-même aussi des moments de qualité pour pouvoir en partager avec son enfant.

Nb: le tableau que nous avons choisi pour illustrer cet article est de Mary Cassatt, une grande peintre américaine qui a réussi une carrière artistique à une époque où c’était extrêmement rare pour une femme. Sans enfant elle-même, elle peint des scènes de famille où la femme transmet le savoir et la culture et fait preuve d’autonomie, comme son enfant le fera plus tard.

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