Un de nos objectifs est d’apprendre à l’enfant à structurer son temps. C’est un apprentissage qui va s’étaler sur plusieurs années, car les tout-petits sont dans l’immédiat. On peut leur apprendre à lire l’heure, mais ils ne perçoivent pas le futur et pour eux « dans un quart d’heure » ou « dans une journée » ou « dans six mois » sont tout aussi imprécis et proches (ou éloignés).
L’évolution de la perception du temps chez l’enfant
L’enfant bâtit sa perception du temps sur la base de ses repères sensoriels. Pour le bébé, le stimulus le plus important est l’ouïe, ses « durées » vont donc d’abord être constituées de sons, comme le bruit d’une chanson, d’une mélodie de téléphone, ou bien de la durée entre une « action » de sa part (pleurer) et l’arrivée de la réponse attendue : sa mère s’occupe de lui. Sa perception du temps se limite à quelques minutes.
C’est seulement vers l’âge de six ans, en primaire, que l’enfant commence à réellement prendre conscience du temps et à être capable de commencer à se projeter dans le futur, sur une échelle de temps comme celle des adultes : le temps mesuré en heures commence à être perceptible, et permet d’évaluer la durée entre deux événements différents.
Avant, à l’âge du pré-scolaire et de la maternelle, la notion d’heure est totalement abstraite : l’enfant à besoin de repères externes, qui peuvent être donnés en référence à une horloge (quand la grosse aiguille sera sur le chiffre trois) ou par rapport à un événement : c’est l’importance des rituels, qui permettent à l’enfant de se repérer dans sa journée.
Bien entendu, comme pour l’adulte, mais de façon beaucoup plus importante, cette perception temps est déformée par les émotions, les situations dans lesquelles se trouve l’enfant : une minute où l’on s’ennuie est beaucoup plus longue qu’une minute où l’on joue !
Les rituels à l’école et à la maison
La journée à l’école est rythmée par des rituels que nous avons fait évoluer dans leur forme, pour respecter les mesures de prévention sanitaires, mais qui restent, dans leur esprit, les mêmes que ceux que nous pratiquions avant. Nous en avons aussi renforcés certains, comme le lavage des mains.
Parmi les différents rituels pratiqués à l’école, l’un des plus importants est la réunion qui commence la journée : aidé par la maîtresse, l’enfant va raconter ce qu’il a fait chez lui, et la maîtresse va présenter la journée à venir, les objectifs, les activités. Le « petit train » qui permet de se déplacer d’une zone à l’autre matérialise le changement de type d’activité (atelier, jeu, cantine).
Les rituels à la maison
Surtout en période de vacances scolaires, il est important de maintenir des rituels à la maison. Le temps de l’enfant ne doit pas être déstructuré.
Certains de ces rituels sont spécifiques à la maison, comme celui du lever et celui du coucher. Pendant les vacances, il faut maintenir un rythme régulier, avec un nombre d’heures de sommeil suffisant, même si les horaires peuvent être un peu modifiés (et il faudra, dans ce cas, revenir à la normale quelques jours avant la rentrée).
D’autres rituels peuvent être repris de ceux de l’école : l’enfant pourra, par exemple, reprendre spontanément la chanson du lavage des mains.
Enfin il faut consacrer à l’enfant un temps pour lui même, centré sur ses activités. Il peut bien sûr participer à la vie de sa maman, l’accompagner pendant les courses ou chez le coiffeur, mais cela ne suffit pas. Ce fameux « temps de qualité » consacré à l’enfant se ritualise aussi : à un moment particulier dans la journée, avec une activité qu’il aime faire.
Maitriser le temps : la route vers l’autonomie
En structurant le temps grâce à ces rituels et à des repères plus abstraits dès que l’enfant atteint l’âge de six ans, on lui permet de percevoir sa journée et, peu à peu, de se projeter dans le futur.
C’est ce qui lui permet aussi de gérer sa frustration et d’apprendre à « investir du temps » pour obtenir un résultat futur. Vous avez déjà certainement vu ces expériences où on met un enfant devant un gâteau en lui disant qu’il en aura deux s’il attend un certain temps avant de le manger ? Alors que ce temps est matérialisé par une horloge, plus l’enfant est petit moins il est capable de résister à la tentation pour un bénéfice futur. C’est parce que sa notion du temps reste fragile.
En grandissant, il devient plus apte à évaluer ce passage du temps, et donc à se gérer lui-même.
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